Bien sûr j’ai entendu ses
arguments : son grand âge, sa magnifique floraison au printemps et patati
et patata…
Pas question de remettre ça à
plus tard ; Elle s’est beaucoup épaissie et risque de rompre les portants
de la tonnelle.
Je vais livrer le combat avec mon
assistant, un outil terriblement efficace : la perche-sécateur. Avec la perche je peux aller très haut ;
sa mâchoire meurtrière est une alliée sûre. Pour l’instant, je fais la maline,
car je sais que je remporterai la 1ère bataille, mais au bout du
compte sa lutte pour la vie dans ses tiges lancées vers la lumière est la plus
forte. Je tends la perche et saisie les branches entre les mâchoires du ciseau.
Il y a des branches épaisses et noueuses, pleines d’arthrose et aussi de jeunes
tiges d’un vert pâle qui se jettent sans vergogne vers les branches voisines du
magnolia. Elles s’emberlificotent langoureusement mais avec une autorité qui ne
laisse aucune échappatoire. Ma lance court au secours du magnolia. Du magnolia
je passe au jasmin étoilé que j’ai négligé de sauver depuis longtemps.La Glycine, c’est d’elle dont il s’agit, a jeté sur lui ses lianes anodines :
papillons parme et étoiles blanches se mélangent en une cascade de parfums
suaves.
Les feuillages s’entassent au
sol. Il faudra en faire des fagots pour les évacuer au prochain passage du
camion municipal.
Après 2 heures d’une bataille
inégale, je rends les armes. La mâchoire du sécateur bave un jus vert et la
main marquée par la corde qui actionne le couperet lève le pouce, demandant
grâce.
Tu ne perds rien pour attendre ma
belle glycine. Quand l’automne t’aura enlevé tes feuilles je te mettrai au
régime sec et te débarrasserai de tes velléités…jusqu’au printemps afin qu’à
nouveau voisins et passants s’extasient devant tes grappes papillonnantes et
ton parfum de miel.