Kélerdut - Domaine des Rochers.

Kélerdut - Domaine des Rochers.
Kélerdut - Domaine des Rochers.

lundi 28 novembre 2011

Entre Gaillac et Rabastens

Nous avions passé la journée dans « le terroir », comme le qualifient mes enfants qui ont été adoptés par le 18ème parisien. Ils auraient certainement apprécié le foie gras d’oie, le civet de sanglier, le champagne et les anecdotes truculentes qui ont accompagné la ripaille. Nous avons rendu visite à mes beaux-parents dans le cimetière encore fleuri depuis la récente fête de la Toussaint  et là, nous avons évoqué le souvenir de nos anciens. Leur caveau est  modeste comparé au « mausolée » ostentatoire des gitans et comme à chaque fois l’un des beaux-frères ne manque jamais de le faire remarquer ; il  est encore une fois le centre d’intérêt du cimetière, le sien en tout cas, et je ne peux m’empêcher de penser que ce tombeau recouvert d’une verrière cristallise toute ses peines, ses regrets et ses peurs. L’allée qui  borde ce caveau déborde  toute l’année de gerbes et de bouquets. Les « romano », les gitans ne sont pas très bien vus au « terroir ». Ah, ces estrangers, ces voleurs de poules, pendant combien de générations encore, devront-ils s’entendre qualifier ainsi. J’ai arrêté depuis longtemps de relever ces réflexions et décide de rester  réceptive au plaisir  des retrouvailles annuelles, d’une sensation de bien-être après nos excès de table et de boisson mais aussi de franche rigolade.
Nous reprenons la route vers Toulouse, nous, les petits-fils d’immigrés qu’on a qualifiés de « sales espagnols », ces romanos qui hier n’ont fait que franchir les Pyrénées, comme d’autres n’ont fait que traverser la méditerranée : tous des voleurs de poules, aujourd’hui  voleurs d’ allocations familiales.
Deux heures plus tard je suis sur une autre planète : dans le cadre de la Semaine de la solidarité internationale, nous assistons à un débat avec Geneviève Azam et François Lille autour de la thématique : « Biens communs et biens publics : reconstruire la solidarité internationale » organisé par le collectif SSI, Survie Midi Pyrénées et ATTAC 31.
J’éprouve régulièrement le besoin d’assister à ces rencontres car elles m’informent et m’enrichissent plus facilement qu’en lisant un article de journal ou un livre. Nous voici au milieu d’une cinquantaine de personnes dont la moyenne d’âge se situe aux alentours de 40/50 ans. Ce que j’ai retenu…
G. Azam (enseignante-chercheur à l'université Toulouse 2 - Le Mirail, économiste et militante altermondialiste (membre du conseil scientifique et du conseil d'administration d'Attac France), nous dit
§  que les « biens communs » (les ressources naturelles, les espaces qui étaient communs avant la révolution industrielle…) ont quasiment disparu au 20 è siècle au profit des biens privés. L’idée de communauté heurtait alors la pensée libérale car on tendait à l’associer à l’idée de communautarisme. Elle cite l’exemple de la régie municipale d’électricité. Le terme réapparaît à partir de 1960 « régie des communs ». L’idée répandue est que la gestion commune conduit à un gaspillage des ressources.

Une référence : Garett Hardin « The Tragedy of the Commons » (1968) est partisan de la création de droits de propriété pour que les ressources naturelles puissent se renouveler. « Les biens communs ne sont justifiables que dans le cas de faible densité de population. Comme la densité a augmenté, l’idée de libre accès doit être abandonnée car elle a pour conséquence le gaspillage et ne peut conduire qu’à la tragédie de leur disparition ». Dans les années 1980/1990 la nature est considérée comme un capital qui travaille tout seul, comme capable de reproduire indéfiniment des services gratuits. Ce capital naturel à conduit à l’accaparement des (biens) communs.
Mélina Rostrom a obtenu le prix Nobel en montrant, contrairement à ce que soutient Hardin, que la gestion commune des ressources rares était plus efficace que la gestion privative ou étatique.
Remarque : 1/3 de la population mondiale vit des communs ! C’est l’Afrique qui est le plus menacée par cet accaparement des communs.
§  2 conceptions historiques de la propriété :
-          la propriété « Usage », elle donne le droit d’user mais pas d’abuser. Les communs peuvent être gérés démocratiquement. Ils ne peuvent être fractionnés. C’est une conception holistique (communs vus comme un ensemble).
- La généralisation du système des brevets comme modalité quasiment exclusive de protection conduit d’abord à étendre les droits de propriété. En Europe, l’extension des brevets en matière de protection végétale illustre cela…Les brevets qui portent sur les gènes eux-mêmes, illustre l’extension illimitée des droits de propriété. Cette extension est encore renforcée par l’effacement de la frontière entre invention et découverte. Les brevets ne sont plus seulement posés à l’aval de la connaissance, mais de plus en plus à l’amont.
Pour la 2ème conception, désolée mais j’ai eu une petite somnolence…je rêvai qu’ un sanglier traversait l’autoroute et venait s’empaler sur le Kangoo. Entre un sanglier et un Kangoo y’a pas photo. Le sanglier finit au congélateur (non ça c’est pas possible y’a déjà les cannellonis qui attendent sagement noël, mais après tout c’est un rêve, tout est possible…) et les poils de sanglier deviennent des pinceaux (on dirait du Prévert).
Face à la crise internationale nous sommes obligés de trouver des solutions tous ensemble au travers d’un dialogue des civilisations.
G.Azam évoque Karl Polanyi, économiste hongrois dont le livre La grande transformation. Aux origines politiques et économiques de notre temps, Gallimard, Paris maintient deux thèses principales :
  • L'économie de marché libre est une construction socio-historique et non un trait de la nature humaine. Ce n'est que depuis les années 1830 que le marché économique est conçu comme une entité à part entière, obéissant à des lois fixes indépendantes des cultures humaines.
  • Les interventions étatiques sont des politiques spontanées en réaction aux dérégulations du marché. Cette thèse prend à contre-pied l'idée exposée par Hayek d'un marché économique spontané entravé par les interventions de l'État.
François Lille (économiste CNAM, chercheur indépendant, cofondateur de l’association BPEM (Biens publics à l’échelle mondiale, 2000/2006), et Membre du Conseil scientifique d’Attac) poursuit : « la terre, le travail, l’argent, le savoir, ne sont pas  une marchandise ». Le militant a  une voix basse et traînante ; le discours est difficile à appréhender à 22 heures passées…
J’ai bien aimé l’idée que la mondialisation a pris le relais du colonialisme : il est vrai que la bête à profits se régénère et trouve toujours les moyens de s’adapter et que nous devons prendre conscience que nous sommes des prédateurs universels. Bon là faut pas exagérer, y’a des gentils aussi, d’ailleurs on en est la preuve dans cette salle.
22 h  30, un jeune demande : « que dois-t-on faire alors ? ».
Geneviève Azam trouve les mots justes pour qu’on ne parte pas trop accablés de la réunion : « La situation est moins désespérée que dans les années 1980 car les problèmes sont sur la table aujourd’hui. C’est incroyable que la question du nucléaire puisse être remise en question en France ! Et on a fait reculer la question des gaz de schiste grâce à une mobilisation formidable».
Là Geneviève marque un point. Ca m’a regonflée le moral. C’est super de finir sur une note optimiste. C’est décidé, l’été prochain, pour la 4ème fois,  on repart dans les Cévennes !

vendredi 11 novembre 2011

Convivium : un excellent resto.

C'est à Toulouse, dans le quartier des Carmes, entre le Parlement et la place Esquirol, au 37 rue Pharaon que j'ai découvert et apprécié ce restaurant dit Italien "Convivium". C'est recherché et on est loin de ce qu'on pourrait attendre de la cuisine communément associée aux traditionnelles pâtes et pizzas.
A midi, outre la carte, deux formules abordables avec un menu à 23 € environ ou bien un plat et dessert à 19 € (de mémoire). On atteint vite, avec le vin et café les 35 € ; c'est d'un très bon niveau, avec une présentation très soignée et des surprises sur les papilles.
Dans une salle en longueur, une photo traîtée en fresque suggère sur un mur une façade italienne. Sur le mur opposé la brique rose toulousaine fait écho à l'orangé napolitain. La déco est sobre et confortable, la fréquentation bourgeoise.
Dans les assiettes on sent un vrai travail avec des produits dont certains viennent directement de "là-bas". Les plats sont annoncés et détaillés (un peu trop vite pour être compris). On se croirait dans un grand restaurant, on se prend pour ce que l'on est pas. On nous fait patienter avec des mises en bouche, ce qui est bien agréable et la découverte culinaire nous transporte très loin de notre quotidien.

Je ne suis pas coutumière de ces endroits et j'ai peu de références en la matière mais là je suis sûre de mon coup !


mercredi 9 novembre 2011

VOYAGE EN CRETE : L'histoire de Spinalongua par Victor Zorbas

Au nord est de la Crète se trouve l’île de Spinalonga. En recherchant les visites à faire pendant notre séjour, je suis tombée sur le site internet d’Alpha & Omega qui m’a fait découvrir un personnage au nom évocateur : Victor Zorbas. Le visage de Zorba le grec joué par Antony Quinn s’impose dans mes souvenirs cinématographiques qui remontent à l’enfance. J’entends la musique, je revoie les pas de danse sur cette plage de cailloux. C’est décidé je veux rencontrer ce Victor Zorbas qui propose de nous servir de guide après un rendez-vous dans un café où il se tient tous les jours à Plaka.
Il est là, comme prévu, grand, soixante dix ans passés, la démarche légèrement chaloupée de quelqu’un qui a subi une intervention de la hanche. Il connaît son affaire et nous propose dans un français impeccable de nous faire découvrir la Véritable histoire de Spinalonga. Il est passionné par son sujet auquel il a consacré des années. Il annonce le tarif de sa prestation : nous sommes trois. Il nous en coûtera 60 euros pour une balade guidée dans les hauteurs à la découverte de…chut ! Il ne veut pas nous en dire davantage, ménage ses surprises. Cette île où furent cantonnés des lépreux recèle une autre vérité.
J’ai proposé que nous prenions notre véhicule. Je préfère conduire afin qu’il soit tout à son histoire. Deux femmes, un homme, le mien et c’est moi qui conduit. Il m’interroge : vous savez conduire en montagne ? Je confirme. Et nous voilà partis à la recherche du village où un film  a servi les intérêts d’une histoire revisitée. Ca vire, ça tourne dans ses montagnes couvertes d’oliviers. C’est là que vivaient simplement les lépreux, en autonomie, cultivant les oliviers.
Spinalonga, rocher aride fut au début le refuge des chrétiens de Crète alors que celle-ci était occupée par les romains. Lorsque la Crète est occupée plus tard par les Vénitiens, les attaques des turcs vont amener le gouverneur à bâtir sur ce rocher une forteresse. Vénitiens et Grecs ont repoussé héroïquement l’envahisseur turc. L’île de Spinalonga est restée turque pendant 200  ans. En 1898, la Crète est libérée. Les habitants turcs doivent alors quitter la Crète.Après  Le gouvernement Crétois ne peut user de la force pour se défaire des turcs, car l’armée française protège les turcs suite à l’ accord de paix signé en 1898.
Le gouvernement crétois trouve alors le moyen de se débarrasser des turcs par la peur, la peur de la lèpre. C’est là que les lépreux sont déportés sur cette île qu’on appellera plus tard l’île des maudits.
Le film réalisé il y a une dizaine d’années a utilisé une population maquillée en « lépreux », et à créé de toutes pièces un décor idyllique avec échoppes d’artisans, magasins d’alimentation, bref un petit paradis qui se voulait être la vie des lépreux à Spinalonga. Nous sommes dans la montagne à quelques kilomètres de Plaka et de Spinalonga. V. Zorbas nous présente les mamies vêtues de noir qui ont fait office de figurantes, le carton pâte qui subsiste dans les ruelles (sur de fausses voutes, ou de faux escaliers) pour une histoire qui devait servir à épargner l’image du gouvernement Crétois et l’horreur qu’il a provoquée avec une colonie de lépreux sur « l’île des maudits » et qu’il a toujours nié.
Il fait un temps magnifique, il fait chaud mais ça jette un froid ! Le récit de V. Zorbas est captivant. Il nous conduit vers un olivier multicentenaire dont le tronc tourmenté, les creux et bosses sont symboliques du visage de la lèpre. Tous les ans une commémoration réunit autour de l’olivier, les descendants des lépreux.
Nous ramenons V. Zorbas à Plaka où un bateau nous conduit sur l’île. V. Zorbas nous en a montré la ressemblance frappante avec la forteresse d'Alcatraz à qui elle aurait servi de modèle. Nous quittons ce témoin passionné. Il a trouvé un moyen qui n’est certes pas désintéressé mais qui marque mon souvenir avec des images, une histoire qui peut rejoindre d’autres histoires de populations injustement déplacées.

lundi 7 novembre 2011

Décorer une table pour Noël en famille

Certains diront que je m'y prends bien tôt. Je sais, c'est mon côté "prévoyant". Cela prend aussi un certain temps de penser à la déco et comme j'aime que la maison soit accueillante je m'y consacre deux mois avant. La déco prend du temps surtout si on la réalise soi-même.

Au hasard de cueillettes à proximité de chez moi je découvre des éléments naturels que j'assemble avec l'objectif d'une harmonie en blanc et or, à peu de frais.

J'ai réalisé une déco pour un bougeoir et des marques-places et me suis inspirée d'un blog splendide sur la déco des tables lestablesdecorativesdestef.over-blog.com.

J'observe et je glane de nombreuses idées dans les magasins et j'essaie d'en tirer le meilleur parti.



Le pied conique du bougeoir est recouvert de carton léger sur lequel sont appliquées des pommes de pin en forme de roses (ben oui ça existe). Je les ai faites tenir tant bien que mal avec de la pâte à fix et ficelées de lin. Les interstices sont comblés par des plumes blanches.
Les marques-place : petits fagots constitués de branches fines liées d'un fil de lin. Pour l'effet neige, un petit coup de bombe. Découpage d'un tissu de coton (éfiloché sur les bords) et accroché au fagot. Le prénom des convives est écrit au stylo doré.

Pour faire de beaux rêves...

Après l'arbre pour Elle il fallait bien faire un univers pour Lui : "des planètes Yaya !". J'aurais bien peint des poissons mais impossible de résister à mon  petit bonhomme de 4 ans et demi.
Je trimballe mon attirail de peinture acrylique, de gouache et pinceaux et sur un mur déjà peint de bleu j'ajoute des planètes, un cosmonaute et quelques étoiles...Je me demande toujours comment ils ont pu se poser sur la lune et j'ai toujours une impression d'angoisse à l'écoute des astrophysiciens. J'avais déjà ce sentiment de vide sidéral quant le prof de philo en terminale nous parlait de Pascal de l'infiniment grand et de l'infiniment petit. La peinture parfois ça donne le vertige !



mercredi 19 octobre 2011

La misère : la refuser mais ne pas refuser de la voir.

Mardi  18 octobre, du foot du Canal+ et un téléfilm sur France 3 « Joseph l’insoumis » sur la naissance d’ATD Quart monde.  Je n’hésite pas une seconde : je n’ai pas Canal+ et mon homme a choisi de voir le foot chez ses beaux-parents sur un écran grand format où on peut distinguer sans problème la couleur des crachats des footeux. Très peu pour moi.
Le film de Caroline Glorion est formidable par ses acteurs professionnels, Anouk Grinberg et Jacques Weber, tous deux excellents mais aussi grâce aux vrais gens (comme le dit plus tard A. Grinberg) qui arrivent à avoir un jeu alors que c’est de leur vie misérable qu’il est question. L’actrice est encore dans l’émotion des personnalités fortes qu’elle a rencontrées et des leçons qu’elle en a tirée. Le camp de Noizy-le-Grand au début des années 1960 comprend des centaines de familles dans un bidonville sans eau courante ni électricité. Le prêtre ouvrier J.Wresinski  se consacre entièrement à ces familles qu’il s’acharne à mobiliser face aux élus politiques, et qui lutte pied à pied contre la police, les assistantes sociales qui harcèlent les familles dont on vient  enlever les enfants de force. Il faudra des années pour que J. Wresinski obtienne le relogement des familles dans des maisons carrées. Ces luttes ont donné Aide à Toutes Détresses « ATD Quart Monde ».
L’émission de Taddeï « Ce soir (ou jamais !) » qui suivait était aussi passionnante avec des invités très différents par leur expérience sur le terrain de la misère. L’actrice principale du film Anouk Grinberg m’a bouleversée dans sa vérité en parlant des  contacts très forts qu’elle a eus avec ces personnes en grande pauvreté. Le discours de Martin Hirsch était un peu plus policé ; on sent qu’il navigue dans des sphères du pouvoir. Je pense que c’est un honnête homme car cela fait longtemps qu’il se bouge contre l’exclusion ; il a quitté le gouvernement en 2010, un bon point.
J’ai beaucoup apprécié les interventions de l’écrivain Joy Sorman qui a parlé de son vécu lors d’une semaine d’observation à la Gare du Nord "Paris Gare du Nord" (l’arbalète Gallimard). Elle a aussi écrit "L’inhabitable" (éditions alternatives), le récit de sa déambulation dans les habitats les plus insalubres de la capitales, un livre écrit avec l’architecte Eric Lapierre.  Après ce genre d’expérience on doit avoir du mal avec les cocktails et les Ferrero Roche d’or chez l’ambassadeur ! Elle ne doit pas beaucoup fréquenter ce genre d’endroit.
J’ai aussi découvert dans  ce magazine une autre pointure : Daniel Terrolle   consacre ses recherches au devenir des SDF et au tabou social qu’ils représentent. Il défend notamment la  thèse  qu’il existe un marché de la pauvreté "La lutte contre "la grande pauvreté" : un marché ?" et "L’arrière cour de la mondialisation. Ethnographie des paupérisés" (Editions Du Croquant).
Ils se sont bien accrochés avec  Hirsch sur le tabou social que représente la misère et je me suis dit que ça allait enfin donner un peu d’ambiance mais tout le monde est resté très bien élevé.
Anouk Grinberg a écarquillé les yeux dans une incompréhension totale lorsque F. Taddeï a posé candidement la question du choix pour les familles entre laisser leurs enfants à l’assistance publique ou les garder prés d’eux dans la pauvreté avec tout ce que cela suppose de violence de déchéance etc. La sauvegarde des enfants dans une possible seconde chance au travers de l’assistance publique était implicite. Elle s’est maîtrisée avec beaucoup d’intelligence et a finement remis le journaliste à sa place.
Des extraits d’interviews du Père Joseph Wresinski ont été donnés. Il est mort en 1987 peu après la création ATD Quart Monde qui avait le soutien de Geneviève de Gaulle.

23 Heures à la pendule. Je veux lire quelques pages de mon polar suédois. Faut faire des choix. Je lâche Taddeï dont l’émission se poursuit. Dommage ! Il est bien ce magazine.

mercredi 12 octobre 2011

Les souvenirs marquants d’un voyage en Crète : les desserts surprise !

Les restaurants ne proposent pas de desserts à  leurs menus ; pourtant dès que vous demandez l’addition le serveur revient avec quelques douceurs qui donnent à cette fin de repas une touche d’attention toujours surprenante. Le tout est servi avec le verre de raki qu’on finit par attendre comme une évidence. Ce dessert fait partie des coutumes, c’est une marque de bienvenue. Comme les plats du repas (il nous a fallut du temps pour le comprendre), il se partage entre les convives.

Les souvenirs marquants d’un voyage en Crète : les chapelles particulières

Vous verrez très souvent sur les routes des petites chapelles de taille miniature de toutes formes et plus ou moins luxueuses suivant les moyens des familles. Victor Zorbas, une figure mémorable de ce voyage en Crète nous a expliqué leur raison d’être : les familles des défunts placent à l’endroit où est survenu le drame une chapelle commémorative. Selon les circonstances de la mort les familles placent dans la chapelle certains objets. D’après Victor Zorbas il y aurait beaucoup de morts violentes dans laquelle la mafia est impliquée. Dans ce cas on place une fiole avec du liquide ; s’il s’agit d’une mort accidentelle on met la photo du défunt.
Lorsqu’on est dans la bulle préservée des vacances, il est difficile d’imaginer les réalités d’un monde impitoyable. Le nord-ouest de la Crète aux mains de la mafia ? Quel crédit accorder à cette version ? D’un autre côté l’économie de la Grèce souffre bien de pratiques mafieuses de la part de ses dirigeants. On n’est peut-être pas si loin d’une certaine vérité.

Les souvenirs marquants d’un voyage en Crète

Le café frappé
Les Crétois sont souvent installés au café devant un verre haut rempli d’un liquide couleur café surmonté d’une légère mousse blanche : c’est une boisson très appréciée et désaltérante. A mon retour, pour  prolonger les sensations estivales, j’ai tenté une copie de l’original : dans un mixeur on broie des glaçons auxquels on ajoute du café instantané, du sucre et un peu d’eau, je remixe. On verse dans un verre haut, on ajoute quelques glaçons et on déguste avec une paille.

Les souvenirs marquants d’un voyage en Crète

Troncs d’arbres protégés au lait de chaux
Au début on peut penser que l’harmonie du blanc et du vert est un simple effet d’esthétique mais il y a bien un intérêt pratique à cet enduit qui recouvre le tronc et une partie des branches : le lait de chaux* a des propriétés préventives face aux maladies. On trouve cette pratique un peu partout en Crète.

mercredi 28 septembre 2011

Les hôtels en Crète

Les hôteliers sont accueillants, serviables et nonchalants. Dans les grands centres touristiques le français est utilisé surtout chez les générations des cinquantenaires. L’anglais est couramment pratiqué et pour de nombreux crétois, il est appris sur le tas. Résultat : chacun déchiffre avec l’accent approximatif de l’autre. On a l’impression que le personnel occupe les emplois au pied levé, à la demande et qu’il cumule des petits boulots dans des journées qui finissent par être bien lourdes.
Les hôtels choisis avec booking.com ont un bon rapport qualité/prix. Entre 50 et 60 €, petit déjeuner compris, on ne peut pas parler de luxe mais c’est correct dans l’ensemble. On peut trouver des hôtels plus ou moins rénovés avec parfois un ameublement qui date de 30 ans mais toujours propres. Hors saison on peut être logé au plus près du port de La Canée au Lucia hôtel (désuet mais très bon accueil), à Héraklion au Castro Hôtel. A Agios Nikolaos nous recommandons l’hôtel tenu par une Québécoise extrêmement sympathique « Le Creta Hôtel » avec des studios extra larges et très bien équipés à 10 mn  à pied de centre ville.
Au bout d’une randonnée de 6 h dans les gorges de Samaria (au sud de la Crète) nous avons apprécié l’accueil de « l’Hôtel Faragi » en bordure de la mer de Lybie. Les chambres sont souvent équipées de réfrigérateurs. C’est idéal pour les vacanciers amateurs d’économies alimentaires. Nous nous sommes retrouvés dans une chambre simple mais correcte où 4 lits étaient alignés. Enfin nous gardons un très bon souvenir du village de Matala. Ce lieu mythique dans les années 70 a rassemblé en juillet 2011 les hippies de l’époque. Ils sont revenus 30 ans après, fêter une  jeunesse passée à gratter la guitare dans les grottes, à tisser des sacs en macramé, à aimer sans tabous. « L’hôtel Dimitris » est simple mais agréable avec sa piscine autour de laquelle nous prenions nos petits déjeuners. La clientèle est surtout constituée de jeunes couples, sac à dos qui randonnent entre collines et bords de mer .

mercredi 21 septembre 2011

La Crète au fond des yeux

C’est à partir de fin mai que j’ai boudé le clavier. L’appel de la Crète ! 15 jours de visites de ports, de ruines, de balades à sillonner les montagnes d’oliviers. Le bleu de la mer, le bleu du ciel et très souvent le bleu des yeux crétois, héritage lointain des vénitiens.
Le voyage a été préparé de longue date ; je ne suis guère du style « lastminute ». Pour évaluer le budget et minimiser les mauvaises surprises, j’ai détaillé le programme sur le modèle des catalogues d’agences de voyage. Avec un ou deux guides et une carte on est parés.

15 jours  me direz-vous c’est beaucoup pour visiter la Crète ; et bien tout dépend de la façon de concevoir le voyage. D’abord en vol régulier les compagnies ne proposent pas de trajets directs sur La Canée ou Héraklion. Si on préfère éviter de trop nombreuses escales (perte de temps et une fatigue inutile), même si c’est plus cher, mieux vaut choisir un vol charter. Dans ce cas l’aller et retour est prévu un jour fixe de la semaine. Nous avons opté pour un départ le Lundi en vol direct sur Héraklion avec des billets achetés dans un agence Fram (Air Méditerranée). Si on veut éviter de passer son séjour à ne faire que de la voiture il vaut mieux prévoir plus d’une semaine car il est difficile de visiter une île dont les routes -hormis les côtières- sont tortueuses et limitées à 90 kms/heure. 15 jours c’est aussi un luxe j’en suis bien consciente mais on ne peut prétendre en 1 semaine découvrir un pays.
Au bout de plusieurs heures de visite des sites internet le périple prend forme.     Nous réservons toutes nos nuits sur le même site internet booking.com. Quelques jours avant le départ nous avons constaté que les prix des hôtels avaient baissé. Il a suffit d’annuler nos réservations (il était encore temps) et de les reformuler au nouveau prix. Tous les hôtels étaient convenables, bien situés et le prix moyen, petit déjeuner compris est d’environ  50 €.
Autre site à retenir, celui de l’association « Alpha & Oméga ». Nous réservons avec lui notre véhicule : les prix de location sont plutôt intéressants. Les frais sont partagés car deux amies nous accompagnent.
Aéroport d’Héraklion, à 22 h passées : nous cherchons le parking des véhicules de location. Un jeune homme à l’allure pas très soignée nous presse de signer le contrat sur le capot. Il  a hâte qu’on  lui communique les codes de la carte bleue. Ultra pressé le gars ! Le paiement ne sera effectif qu’au retour. On fait le tour du véhicule, correct, mais loin des codes habituels des voitures de location –éraflures de la carrosserie, la voiture a déjà beaucoup servie. On se dit que le prix va de pair avec la prestation.
S’il y a un truc à ne pas faire c’est de se mettre au volant pour chercher son hôtel alors que la nuit est tombée et que les panneaux ne sont pas évidents à déchiffrer. Un conseil : prendre un taxi et ne prévoir le véhicule qu’à partir du lendemain quand les repères sont plus sûrs. Cela nous aurait évités de nous garer dans un parking réservé aux résidents. A notre décharge il faut dire qu’après deux heures de circonvolutions sur les boulevards de ceinture  (l’aéroport n’est qu’à 15 minutes du centre d’Héraklion) le panneau ne nous a pas sautés aux yeux. Une semaine après, nous nous sommes acquittés de l’amende de 40 € en regrettant notre manque de vigilance.

Une rentrée option Déco

Avec septembre, c’est la cloche de la reprise qui sonne même si une sensation d’été persiste encore par vagues. Les photos sont à peine transférées sur l’ordi qu’on a déjà oublié le nom des lieux où l’on était en août. Il est temps de faire fonctionner la  mémoire. Il faut pour cela remonter au mois de mai. Mon blog a bien des  choses à rattraper…Un voyage, des vacances. Les projets font partie de la rentrée et celui d'une nouvelle cuisine trotte dans ma tête !
Mais tout d'abord une déco bien sympa pour la chambre de ma petite fille, très rose ça va de soi. "Ils ont de très jolis panneaux chez PouicLand..." me glisse ma belle fille, finaude, mais hors de prix. Elle me convainc sans trop de mal et je décide que c'est à ma portée, mais  à la vôtre aussi. Je vous explique : sur un mur de couleur unie et plutôt claire, on dessine un arbre assez stylisé (pour cela je me suis inspirée à fond de celui du site de Pouicland) ; on se pointe chez son fournisseur de peintures, tapisseries etc, qui nous connaît un peu et on demande gentiment de vieux catalogues d'échantillons. J'ai ainsi obtenu très gracieusement 4 énormes catalogues dont je suis loin d'avoir épuisé les ressources. C'est sur ces impressions unies et colorées et en jouant sur les différentes textures que vous découpez vos feuilles toutes identiques.
Bien sûr il faut partir d'une harmonie. En l'occurrence ici des rappels de rose. Le plus long c'est de découper les feuilles. Comme il s'agit de tapisserie, il suffit de coller les feuilles avec de la colle à tapisserie en prenant le temps de bien appuyer à l'aide d'un chiffon.
L'effet est assez réussi non ? 

dimanche 22 mai 2011

Le temps des Cerises : Bon anniversaire à la Commune !


Les cerises sont précoces cette année. Nous sommes montés à l'assaut du cerisier il y a déjà 15 jours ; la journée fut sanglante !
La révolution s'épanouit autour de nous et je m'en réjouit. Tunisie, Egypte, Syrie, Grèce, Espagne. Les contextes sont différents mais partout les voix baillonnées crient. Elles veulent la démocratie pour certaines et d'autres qui l'ont déjà veulent une évolution de cette démocratie pour obtenir un travail, la justice, pour changer les priorités, changer la société où l'argent gouverne au mépris de l'humain, trouver d'autres chemins.
La Commune, trop peu connue mérite pourtant de l'être davantage. C'est le 22 mai 1871 que les Communards ont élevé spontanément et sans facebook près de 900 barricades sur lesquelles ils vont se battre pour défendre leur rue, leur quartier face aux Versaillais. Thiers avait déménagé à Versailles aprés avoir négocié un armistice avec l'envahisseur prussien. Paris qui s'est défendu vaillamment devant les Prussiens refuse la redddition.
Une exposition encore visible jusqu'au 28 mai 2011 à la Mairie de Paris (entrée gratuite) revient sur cette période incroyable. J'ai vu l'expo et j'ai été frappée de voir des clichés d'époque : les barricades dans les rues de Paris, les images des incendies, les détructions de bâtiments et monuments importants. Jamais je n'aurais cru que la commune avait eu ce caractère de vrai guerre civile et d'un tel niveau de destructions et de massacres. Les images (gravures mais aussi clichés photos) sont saisissantes et rapprochent curieusement ces évènements de la réalité d'aujourd'hui. Les vues des exécutions de masses faites par l'armée versaillaise sont terribles.
Je vous recommande particulièrement  un DVD disponible en médiathèque  : il s'agit du travail théâtral de Peter Watkins qui a réuni des amateurs pour jouer La Commune.
Le Texte ci-dessous paru dans le monde en fait le récit.
"La Commune (Paris, 1871)" : la Commune de Paris vue par Peter Watkins

Le Monde | 06.11.07 | 16h47  
Ce film sur la Commune de 1871 a été enregistré dans un hangar de Montreuil (les locaux de la troupe d'Armand Gatti), avec des comédiens non professionnels, des volontaires qui participèrent aux recherches pour élaborer le scénario, choisirent pour la plupart les personnages qu'ils désiraient interpréter, improvisèrent en grande partie leurs dialogues ou monologues selon une méthode expérimentée dans le génial Edvard Munch (1973). Tourné en treize jours, en suivant scrupuleusement la chronologie des événements, il brouille sciemment les notions de documentaire, de fiction ou de reconstitution historique. Et sape les critères habituels du document télévisuel et de la saga hollywoodienne pour forcer le spectateur à réfléchir sur la forme du film, lui enseigner la méfiance, l'encourager à contester la subordination aux médias. Tout est  joué par des chômeurs, intermittents du spectacle, sans-papiers, provinciaux, Montreuillois, permet au public de jouer sa propre histoire, de faire le lien entre les enjeux de la révolution parisienne de 1871 et ceux de Mai 68 ou d'aujourd'hui. Peter Watkins met en place l'irruption de reporters de la Télévision versaillaise et de la Télévision communarde, micros à la main, recueillant d'un côté un discours lénifiant, appelant au maintien de l'ordre, à la lutte contre des "meneurs qui ne sont pas, pour la plupart, français", et de l'autre les témoignages du peuple insurgé. Cette démarche insolite ne peut être taxée d'anachronisme puisque le film s'affiche ouvertement comme interprété par des contemporains qui réagissent en fonction des critères de leur époque.
La Commune
On a pu lire, sous la plume d'historiens du cinéma stigmatisant telle ou telle tentative, qu'il était impossible de filmer une révolution. Watkins prouve le contraire. La Commune se moque des faits, ignore Louise Michel et Jules Vallès, pour filmer une pensée, des idées, donner la parole au peuple, signifier que cette période marqua le début d'une réflexion. Et renvoie des échos contemporains : le racisme, le rôle des femmes, l'inégalité sociale, la censure, l'école...Plus osé, ce rapprochement entre Le Temps des cerises et une chanson algérienne qui parle d'exil et de cachot. Or, nous rappelle l'historien Jacques Rougerie, il y eut, en mars 1871, une insurrection kabyle dont les chefs furent déportés en Nouvelle-Calédonie, où ils retrouvèrent des Communards...
En exergue, Watkins prend la parole pour signaler qu'en procédant au montage de cette version raccourcie il a découvert que la société française qui a produit le film, 13 Production, appartenait au groupe Lagardère. Cette société, dit-il, l'a laissé entièrement libre de réaliser son film comme il l'entendait, sans pressions. Selon lui, il est grave que 13 Production, "société dont la raison d'être est la communication et une certaine forme d'éducation", fasse partie "d'une structure financière qui fabrique des armes". L'inlassable pourfendeur de la crise des médias ne lâche rien.
La semaine du 21 au 28 mai pendant la Commune : la semaine sanglante (ici ce n'est que du jus de cerise)

 Louise Michel (institutrice pendant 15 ans) reste la figure féminine emblématique qui a participé en 1ère ligne au mouvement. Elle défendait des idées très nouvelles en matière d'éducation comme des écoles professionnelles et des orphelinats laïcs. Elle fréquente les milieux révolutionnaires et républicain socialiste fondé par Auguste Blanqui[.1]. Après le départ du bâteau en août 1873 pour être déportée en Nouvelle-Calédonie[4], elle chante avec d’autres communards Le Temps des Cerises en regardant s’éloigner la côte. En nouvelle Calédonie, elle cherche à instruire les autochtones kanaks et, contrairement à certains Communards qui s’associent à leur répression, elle prend leur défense lors de leur révolte, en 1878[.

Si vous en avez l'occasion, faites un tour au 42 rue des Cascades à Belleville. L'espace Louise Michel est animé par  un personnage formidable Lucio URTUBIA. Je l'ai rencontré quelques temps après l'avoir entendu sur France Inter. L'émission m'avait tellement plue que lors d'une visite à Paris j'ai tenté une visite un dimanche à Belleville. Lucio Urtubia y était. On est entrés et on a passé 2 heures formidables. Une belle rencontre !

samedi 14 mai 2011

NOUVELLES DE TOSCANE : DENOUEMENT.

UNE STAR SUR LE VERCORS

Face au massif du Vercors, la grande maison fraîche aux volets de bois bleu nous attend à notre retour de Toscane.

Derrière la grille, Urane qui a reconnu le moteur,  manifeste sa joie en balayant frénétiquement les dalles de sa queue soyeuse. 

Sand, la fille aînée est heureuse et soulagée de revoir ses parents. Elle a dû parfois lâcher à regret ses  révisions de Maîtrise de droit pour  veiller sur la chaudière dont nous avons suivi les caprices à distance.

Marmouset a géré comme un grand ses difficultés avec son patron menuisier. Son  père et sa mère le téléguidaient, le soir venu, de la voiture depuis un parking en bordure de l’Arno où arpentant une vigne perdue dans le Chianti.

Ce coatching au portable reste pour moi une anthologie mémorable, tout à l’honneur de parents attentifs et présents, malgré la distance. 

Tandis que Aime met la main aux préparatifs du repas du soir et que Pat vérifie l’état de ses plantations en compagnie de mon homme, je me connecte sur l’ordinateur familial.
Depuis que nous avons posé les valises, une seule chose m’obsède : essayer de découvrir ce que Jocelyne nous a laissé entrevoir de son histoire.

Le moteur de recherche est lancé : plus rien ne l’arrête. Il va  renifler, gratter, déterrer. Cherchant plus loin, il va traverser les frontières, franchir les océans.
Donnez- lui un Nom à ronger, il va s’acharner : le tordre en tous sens tandis que vous restez là, attendant  la trouvaille.

Je clique, ma main guide la souris qui déplace la flèche et fait apparaître les toiles du Maître ! J’étouffe un cri. Ce sont les toiles suspendues aux murs de la ferme : la même jeune fille  nue, gracile, aux  jambes élancées et aux pieds trop grands d’adolescente.

Le peintre, celui dont nous avons relevé la signature aux bas des tableaux de notre gîte Toscan existe toujours et vit à Florence. Une photo le montre tel qu’il est ou a été, comment savoir ?

C’est donc lui qui a été la cause des tourments de Jocelyne.

Sans le connaître j’ai pris partie depuis le début, pour Elle, la femme délaissée, la jeune fille découverte, la femme adorée pour sa beauté. L’égérie qui a nourrit l’artiste et l’œuvre puis s’est tarie avec le temps. Le Pygmalion soucieux de continuer à plaire, en a choisi une autre ...

Reclic. C’est Elle que je cherche. Apercevoir son image. Trouver la trace de son passage de Star sur les pages glacées des magasines de l’époque.

J’appelle à l’aide. Une recherche plus ciblée nous conduit sur un terrain que nous n’aurions pas soupçonnés :  le Cinéma ! Le nom de Jocelyne est cité dans une filmographie.

Pour une surprise, c’en est une !

Inlassablement, je retape le nom et le prénom  sur le clavier. On va bien finir par trouver une image de notre star…reformuler, persévérer… La mayonnaise est en train de prendre, pas question de lâcher la danse du pilon dans le mortier. Ajouter le filet d’huile d’olive, ce qu’il faut, sans trop…ajouter un mot…une mie de pain imprégnée de vinaigre…

La filmographie tourne autour de PASOLINI… Le nom de Jocelyne est cité dans plusieurs films du cinéaste italien dont « les mille et une nuits ».

La surprise est grande parmi la troupe rassemblée devant l’écran. Difficile pour nous d’imaginer notre Jocelyne dans ce contexte.

Nous devons faire  de gros efforts pour passer de la salopette noire, de la longue tresse au henné à la nudité érotique des films de PASOLINI.

Nous avons beau agrandir l’unique photo au très petit format proposée sur la page d’écran, aucun des protagonistes ne ressemble à notre hôtesse toscane.

Dommage ! La Star ne scintillera pas ce soir sur le Vercors !

Les mecs sont déçus. Comme on les comprend ! La vie tumultueuse de Jocelyne dans les années fastes du cinéma italien nous permet de mieux comprendre les raisons  de ses réticences à dévoiler sa vie.

« Rien de plus simple ! Il suffit de télécharger un film ! je le grave sur un CD et je vous l’envoie ! ».

Quelle histoire ! Sand et Marmouset, intrigués par notre addiction soudaine à l’ordinateur s’inquiètent : « Qui est Jocelyne ? C’est qui PASOLINI ? »

Une soirée ne suffira pas à raconter nos émotions de voyage.

Sand est remontée dans sa chambre pour étudier au calme, loin des turpitudes de ce bas-monde et Marmouset s’est empressé de quitter la table en compagnie de sa dernière conquête qu’il couve d’un regard amoureux.

La Toscane est loin. Nous prenons le frais sur la terrasse, allongés dans des relax, amollis et rêveurs.

Sous le drap du ciel,  nous venons de découvrir un petit astre brillant avec une chevelure rousse…qui nous lance un clin d’œil.

La cuisine de Jocelyne
FIN.

MES VOYAGES : TOSCANE 6EME EPISODE

LA RONDINE (l'Hirondelle)
La grange où nichent les hirondelles
Pour ouvrir le battant de la petite fenêtre, je devais soulever le rideau de coton clair brodé à l’ancienne.

Il était 6 h à peine et il fallait éviter le bruit qu’aurait provoqué la chute de la tringle qui tenait par miracle.

Je les surprenais au petit matin, côte à côte sur le fil électrique à hauteur de la fenêtre. Elles profitaient de ces derniers instants de paix, avant le bruit des tracteurs dans la campagne.

Plus tard, elles se lançaient en poussant des cris aigus à l’assaut du ciel de Toscane d’où une main invisible et sûre semblait les diriger, pareilles à des cerfs-volants, du plus haut pour les ramener brusquement au ras du sol.

C’était un ballet incessant que nous suivions dès le petit déjeuner qui nous rassemblait autour de la longue table sombre de la grande salle. Les hirondelles fusaient, comme propulsées par une  fronde au travers de la fenêtre ouverte de la chambre contiguë.

Tout le temps que dura notre séjour, nous entendîmes Jocelyne maugréer contre les hirondelles.

Dès les beaux jours, elles reprenaient possession des lieux et nichaient dans un rez-de-chaussée contre les poutres.

Notre hôtesse se plaignait de ces intrusions intempestives, des fientes qu’elles laissaient sur ses rideaux, sur les courtepointes…

Mais pourquoi persistait-t-elle à laisser les fenêtres grandes ouvertes ?

La journée s’annonçait belle ce matin du mois de mai et nous étions partagés entre le désir de rester encore un peu dans la grande maison tranquille et celui de la découverte de Florence.

Nous avions tourné le dos, prêts à quitter la cour, lorsque Jocelyne nous appela avec insistance.

Son buste s’encadrait dans la petite fenêtre de la chambre à l’étage. Elle tenait quelque chose dans la main que l’on distinguait difficilement depuis la cour.

« Regardez ! Elle s’est cognée si fort contre le montant de la fenêtre qu’elle s’est assommée et s’est retrouvée par terre».
Elle caressa la petite tête noire blottie dans sa main, l’approcha de ses lèvres puis relâcha la prise.

L’hirondelle s’élança, retrouvant ses esprits tout en  se disant qu’elle n’avait pas encore poussé son dernier cri et qu’elle avait toute une saison pour jouer au cerf-volant.

NOUVELLES DE TOSCANE 5EME EPISODE

LE STETSON ET LA MAFIA RUSSE

E
n dépit des  efforts que nous faisons pour conserver notre entrain, la tablée du dernier petit déjeuner est morne.

Derniers clichés numérisés, valises  bouclées, adresses notées pour nos échanges galactiques.
Alexis fera le voyage jusqu’à Nancy entre un olivier et un citronnier, bercé par les effluves de terre et de fruits. Stéphanie et Thomas embelliront leur maison d’objets au design épuré.
Jocelyne nous embrasse avec retenue et dissimule mal son émotion. Un léger malaise me gagne, comme un sentiment d’abandon. Nous promettons une carte postale et des nouvelles.
Je ne croyais pas si bien dire, moi qui viens d’écrire ces pages qui seront bientôt glissées par le postino dans la boîte à lettres, au bout du chemin de Caillaliola.

Je l’imagine, emmitouflée sous la couette,  entourée de ses livres, de revues polyglottes laissées par les hôtes de passage, de journaux périmés,  d’images  éparses accumulées à la belle saison et conservées en prévision des longues journées d’hiver.
Chacun retrouve sa place dans le véhicule. Nous partons. Le paysage défile à l’envers.

Les carrières de Carrare ont traversé la route et Gènes s’étend à présent à ma gauche.
Lors du trajet aller, je me plaisais à évoquer ce port lointain résonnant d’appels pour les grands voyages autour du monde.
Sur le chemin du retour je suis frappée par un centre industriel à la banlieue hideuse et triste.

Une pause repas est décidée avant de franchir la série de tunnels obscurs. Nous  avons définitivement quitté nos douces collines et découvrons un environnement dont la morosité s’accorde avec le gris métallique du ciel et notre humeur aussi.
Pas le moindre olivier sous lequel nous étendre, pas de vigne généreuse pour avoir le regret du vin que l’on ne boira pas, pas de cyprès lancé au ciel au bord d’un chemin de pierre sèches.
Nous dévisageons d’un œil morne le spectacle affligeant des voitures garées en tous sens dans l’urgence d’un Pannini élastique et d’un espresso engloutis sur le bord du comptoir.

Il est hors de question de gâcher les dernières impressions de notre séjour !

Nous cherchons désespérément dans les 50 m2 de béton, l’espace idéal pour étaler notre pique-nique : poulet froid, salade de pâtes, tomates à la croque-sel,  fromages et raisins blancs.
L’endroit a pourtant bien existé, en d’autres temps. Dans un élan de compassion pour le nomade en quête de détente, le bâtisseur avait imaginé un coin tranquille : une table flanquée de deux bancs sous une tonnelle.

Aujourd’hui, il est barricadé, verrouillé au moyen de plusieurs chaînes cadenassées. Accès interdit ! Cet ostracisme nous atterre.
Nous restons hébétés quelques secondes devant les canettes et les papiers gras jetés rageusement par-dessus la barricade par tous ces voyageurs méprisés.

Que faire d’autre ? Nous étalons notre couverture pour un sit-in sur le trottoir devant la barricade.
Une fois nos forces reconstituées, nous consentons à nous déplacer jusqu’à la cafétéria pour siroter un espresso tout en surveillant la voiture et nos bagages et en balayant du regard le parking traversé par des automobilistes ordinaires.
Je quitte la cafétéria qui baigne dans  un air lourd et poisseux.

Une voiture s’est arrêtée à ma hauteur. Le conducteur, allongé vers la portière côté passager manœuvre la descente poussive de la vitre.
L’homme aux traits métissés de noir et d’indien se dissimule derrière de larges lunettes de soleil. Je détaille la peau épaisse, criblée, les lèvres charnues, les mains poilues posées sur un volant en cuir aux couleurs vives.
Il porte un Stetson de couleur foncée, à larges bords. Une chemise à carreaux habille son ventre  tendu comme un tonneau de bière sanglé d’une ceinture qui accentue l’embonpoint.

Le pantalon froissé recouvre ses jambes maigres. A l’arrière du véhicule deux cannes de marche sont jetées sur la banquette couverte de plaids élimés. Je l’imagine tanguant des hanches, accroché avec force aux cannes lorsqu’il se risque hors de sa navette spatio-temporelle.

Cet univers sur roues est à l’image désinvolte du chauffeur. Je pense au sketch de Coluche « l’auto-stoppeur » : « Elle est à vous cette poubelle ? »
Il m’interpelle : « Vous êtes français ? Il n’y en a pas  beaucoup par ici ! » Dit  le Stetson dans la langue de Molière.

J’ai l’impression d’être coiffée d’une casquette à visière et de répondre depuis un guichet de « drive-in » à un consommateur en recherche d’exotisme touristique.
Comme je suis d’un naturel aimable, je réponds avec mon plus beau sourire  que l’Italie est un très beau pays et que nous quittons la Toscane à regret…
Il n’en fallait pas davantage pour déclencher un discours de vieux routard revenu de tout qui cherchait un prétexte pour parler…de lui.

Le pays, il le connaît, il est américain et  vit près de Rome depuis des années. Il a fait partie dans sa jeunesse (années soixante), d’un groupe de musique qui a eu son heure de gloire.
Son index à l’ongle cerné de noir se tend vers une photographie pâlie fixée sur le tableau de bord : une coiffure afro surmonte un visage où je devine les traits aujourd’hui vieillis de l’homme au Stetson…

Aime, qui cherche à venir en aide à  un couple parlant l’espagnol nous interromp.

L’homme au Stetson débraye. Je n’ai pas reconnu le célèbre musicien qui fit se pâmer une génération de jeunes hippies en jupes longues fleuries et sabots sonores. La guimbarde s’éloigne vers l’autoroute.

Mon homme, Pat et Aime semblent absorbés par un document que leur montrent l’homme et la femme.
Rien dans leur apparence ne permet de penser qu’ils sont espagnols, même s’ils parlent correctement le castillan. Je suis surtout gênée de ne pas reconnaître un accent régional particulier. Je crois plutôt qu’il s’agit  de personnes originaires d’un pays de l’Est. Russes, Ukrainiens ?

Nous avons abandonné la surveillance de notre voiture quelques instants. La portière côté chauffeur est restée ouverte quand Pat a été appelé à la rescousse.
Ils souhaitent rejoindre l’Espagne et donc d’abord la France. Ils agitent  quelques feuilles en format A4 imprimées à partir d’Internet avec le descriptif autoroutier qu’ils doivent suivre. Je suis étonnée qu’ils n’aient pas de carte routière. Ils disent venir du sud de l’Espagne pour visiter l’Italie.

Un deuxième homme qu’ils présentent comme leur fils les rejoint. Je ne décèle pas de ressemblance, je trouve son comportement étrange.
Ils se disent espagnols et n’en ont ni l’accent, ni l’attitude, ni l’apparence vestimentaire. Ils n’ont pas de carte routière, ils ne savent pas suivre les indications portées sur le document d’Internet.
A quoi ressemble leur véhicule ? C’est une voiture plutôt haut de gamme, immatriculée en Espagne…
Je deviens méfiante brusquement et demande à Pat de fermer la portière.

L’homme au Stetson d’abord, puis ce couple étrange. Nous leur confirmons les informations données par Mappy.com. Ils semblent angoissés et perdus mais j’ai hâte de quitter cet endroit peu accueillant.

C’est moi, à présent, qui suis angoissée. Nous restons courtois mais ressentons tous les quatre le besoin d’en finir et leur conseillons de s’acheter une carte routière dès que possible.
La voiture est toujours là et tout semble normal.

Pat démarre. Je pousse un soupir de soulagement. Je livre à la troupe mes impressions et mon inquiétude sur cette étrange équipée et sur l’homme au Stetson.
Ces deux rencontres presque simultanées, sur cette aire d’autoroute italienne me font l’effet d’un guet-apens : L’accent que je n’ai pas su détecter, l’apparence vestimentaire, un comportement qui ne cadre pas avec celui que j’aurais eu en pareille situation…

Je vérifie avec Aime que nos souvenirs – nos sacs en cuir PRATESI achetés à Radda in Chianti - sont bien là et que nous avons toujours nos papiers et nos cartes bancaires.
Pat et mon homme sont silencieux. Je sais bien qu’ils n’en pensent pas moins !
Je ne peux m’empêcher d’évoquer les différentes techniques utilisées de nos jours par les bandits de grands chemins. Je flaire la maffia russe !

Au bout de quelques minutes, Pat sans doute agacé pas mes divagations et pressé de rejoindre son port d’attache en toute sérénité me lance avec l’accent « pied-noir » marseillais qu’il adopte quand il veut dégonfler une situation tendue :
« Toi, ma poule tu vas trop au cinéma ! ».
Il est chouette Pat.