Ils nous bassinent avec leur
anniversaire ! Et bien pas moi qui ai tété par l’oreille, la radio de la
cuisine familiale. J’ai des souvenirs précis d’une époque où ma toise était la
table jaune en formica de la cuisine. C’est l’été ou un printemps chaud sans
doute ; les fenêtres sont ouvertes au troisième étage et depuis, les cris
des hirondelles me ramènent toujours à ces moments d’enfance. La radio toujours
allumée accompagne la famille. Je sens
les odeurs du pain qui montent de la boulangerie du coin. J’entends les
hirondelles qui nichent sous les toits que je vois en face, de l’autre côté de
la rue des Poutiroux, et j’entends Piaf qui chante « Milord ». La
radio ce n'est pas encore France Inter et nous n’avons pas encore la télévision. Le poste fabrique
des images que le téléviseur tardera longtemps à surpasser.
Plus tard, je me voie, debout
devant le buffet où est posé le poste ; j’ai dépassé la table en formica.
Je rentre de l’école, vite, pour ne pas rater le feuilleton radiophonique qui
me tire des soupirs de mélancolie, « Noëlle aux 4 vents ». C'est France Inter.
Deux bébés plus tard, j’alterne
radio locale et France Inter. A deux pas de chez nous, à la bourse du travail,
« radio moun païs » diffuse une émission pour les enfants. J’y amène
mon grand qui raconte au micro des histoires abracadabrantes. Sur France Inter,
le « tribunal des flagrants délires » me fait beaucoup rire.
Tandis que notre aîné parcours le
monde, je me souviens avec tendresse des repas du mercredi où notre cadet
rentre pour déjeuner. C’est l’heure du jeu des « mille francs ».
L’an dernier, j’ai découvert au
TNT de Toulouse, les têtes de Colin et Mauduit dont les voix excitées révèlent
la passion pour le média qu’ils servent. J’écoute Guillaume Galliène et le
remercie de révéler son talent sur les ondes et pas seulement à la Comédie
Française ou au cinéma.
En découvrant l’incroyable vie de
Lucio Urtubia grâce à l’émission « Nous autres » de Zoé Varier nous
avons voulu rencontrer ce personnage digne d’un roman ; et nous l’avons
fait en passant à l’Espace Louise Michel « au temps des cerises »
dans le 20ème arrondissement. Le hasard a voulu qu’il soit là. Nous
avons bavardé deux heures avec lui et ses amis. Lors d’un passage à Paris cette
année 2013 nous avons découvert l’émission en direct « On va tous y
passer ». Ce fut un très bon moment même si le ton est nettement moins
irrévérencieux que celui qu’on se permettait à la radio avec Claude Viller ou à
la télévision avec Polak.
Cet esprit me manque aujourd’hui
et seule l’émission de Daniel Mermet « là-bas si j’y suis » reste à mes oreilles un champ permissif qui
donne le sentiment d’une résistance au consensuel. La boîte vocale diffusée à
chaque émission donne la parole aux auditeurs. Il y a bien sûr des filtres mais
le tri nous fait entendre des opinions et permet « d’aller voir
ailleurs » si on y est.
Bon Anniversaire !