Fresque de l'escalier Théâtre du Capitole |
Le Barbier m’a déçue !
C’est pas tous les jours qu’on va à l’opéra ! Les places étaient réservées depuis six mois. En 1ère galerie face à 70 €, c’ est pas donné ! Par chance j’ai un bon Comité d’Entreprise qui nous aide à financer ce genre de folie.
On a pris le métro, robe panthère et chaussures à talons…On a un peu couru. Les « ouvreurs » encostardés nous attendaient, la main tendue pour cueillir nos chers billets.
Notre belle-fille découvre l’opéra et les ors du théâtre du Capitole, le vaste hall, les murs hauts où vivent des fresques colorées. On s’élève sur l’escalier moderne marbré qui conduit vers des couloirs exigus où l’on tangue sur des plans que l’architecte a du incliner au gré des aménagements.
En pénétrant dans la salle, je manque d’éprouver un vertige car le regard se porte vers le rideau rouge de la scène, loin devant et derrière il y a du monde qui pousse…il faut descendre tout en gardant sa dignité sur les marches aussi raides qu’ exiguës ; tout l’espace est utilisé. Nous voilà assis tous les trois, côte à côte (et c’est au sens propre !) à l’étroit dans les fauteuils de velours rouge, face à la scène, en surplomb de la fosse d’orchestre. Impossible de se mouvoir ; il faut rester le dos droit, les genoux serrés, éviter les coups de pieds dans le dossier devant soi. Un petit martyre que chacun endure avec résignation. La réputation du bel canto est ancestrale à Toulouse. Toute la région s’y presse et il y a peu d’élus.
Ce charmant théâtre avec sa décoration baroque, en trompe-l’œil, rouge et or ressemble à une bonbonnière et les toulousains y sont attachés mais malgré une restauration récente il reste inadapté aux besoins culturels en opéra, ballets et à la demande de la population qui reste frustrée de son manque d’accessibilité en terme de capacité d’accueil.
Les représentations sont partagées avec deux distributions, soit de jeunes talents, soit des artistes confirmés. Nous assistons au "Barbier de Séville" d’après la production du Teatro comunale di Ferrara avec des artistes confirmés.
Les voix sont magnifiques dans leurs vocalises étincelantes ; la musique est superbe. Pourtant nous sommes tous trois d’accord pour déplorer les choix du décor trop lourd et de la mise en scène inégale. J’ai trouvé qu’il y avait une authenticité dans la recherche des costumes qui semblent sortis de gravures anciennes mais les couleurs et les tissus ne sont pas valorisés par la lumière ; de notre place ses effets paraissent très limités. On manque d’air dans ces décors où aucune nature, aucune place (on est à Séville !) n’est décrite. La maison, une énorme structure classique blanche s’ouvre en son milieu au gré des changements de tableaux pour permettre le jeu des acteurs à l’ intérieur. Les acteurs semblent alors tous petits, perdus.
Je retiens deux ou trois choses de l’ensemble de cette pauvre mise en scène : le tableau des deux compères voulant enlever la belle Rosina (sportifs de l’escalade), drapés dans leur cape noire, escaladant deux échelles de cordes jetées sur le mur du fond de scène et jouant du filin. C’est efficace et beau tout comme l’effet que procure l’agrandissement des ombres des acteurs. Les jeux des chanteurs avec le claveciniste sont drôles et pleins d’humour. Les chœurs du Capitole uniquement masculins sont très réussis vocalement mais très statiques dans leurs déplacements.
Et quant au tableau final, aussi peu réussi que le tableau du début, je cherche toujours à comprendre le pourquoi de ce panneau façon bronze massif qui descend brutalement jusqu’au sol occupant toute la largeur de la scène. Une vraie guillotine qui m’a coupée la chique ! Dommage les artistes sont vraiment talentueux.