Kélerdut - Domaine des Rochers.

Kélerdut - Domaine des Rochers.
Kélerdut - Domaine des Rochers.

lundi 28 novembre 2011

Entre Gaillac et Rabastens

Nous avions passé la journée dans « le terroir », comme le qualifient mes enfants qui ont été adoptés par le 18ème parisien. Ils auraient certainement apprécié le foie gras d’oie, le civet de sanglier, le champagne et les anecdotes truculentes qui ont accompagné la ripaille. Nous avons rendu visite à mes beaux-parents dans le cimetière encore fleuri depuis la récente fête de la Toussaint  et là, nous avons évoqué le souvenir de nos anciens. Leur caveau est  modeste comparé au « mausolée » ostentatoire des gitans et comme à chaque fois l’un des beaux-frères ne manque jamais de le faire remarquer ; il  est encore une fois le centre d’intérêt du cimetière, le sien en tout cas, et je ne peux m’empêcher de penser que ce tombeau recouvert d’une verrière cristallise toute ses peines, ses regrets et ses peurs. L’allée qui  borde ce caveau déborde  toute l’année de gerbes et de bouquets. Les « romano », les gitans ne sont pas très bien vus au « terroir ». Ah, ces estrangers, ces voleurs de poules, pendant combien de générations encore, devront-ils s’entendre qualifier ainsi. J’ai arrêté depuis longtemps de relever ces réflexions et décide de rester  réceptive au plaisir  des retrouvailles annuelles, d’une sensation de bien-être après nos excès de table et de boisson mais aussi de franche rigolade.
Nous reprenons la route vers Toulouse, nous, les petits-fils d’immigrés qu’on a qualifiés de « sales espagnols », ces romanos qui hier n’ont fait que franchir les Pyrénées, comme d’autres n’ont fait que traverser la méditerranée : tous des voleurs de poules, aujourd’hui  voleurs d’ allocations familiales.
Deux heures plus tard je suis sur une autre planète : dans le cadre de la Semaine de la solidarité internationale, nous assistons à un débat avec Geneviève Azam et François Lille autour de la thématique : « Biens communs et biens publics : reconstruire la solidarité internationale » organisé par le collectif SSI, Survie Midi Pyrénées et ATTAC 31.
J’éprouve régulièrement le besoin d’assister à ces rencontres car elles m’informent et m’enrichissent plus facilement qu’en lisant un article de journal ou un livre. Nous voici au milieu d’une cinquantaine de personnes dont la moyenne d’âge se situe aux alentours de 40/50 ans. Ce que j’ai retenu…
G. Azam (enseignante-chercheur à l'université Toulouse 2 - Le Mirail, économiste et militante altermondialiste (membre du conseil scientifique et du conseil d'administration d'Attac France), nous dit
§  que les « biens communs » (les ressources naturelles, les espaces qui étaient communs avant la révolution industrielle…) ont quasiment disparu au 20 è siècle au profit des biens privés. L’idée de communauté heurtait alors la pensée libérale car on tendait à l’associer à l’idée de communautarisme. Elle cite l’exemple de la régie municipale d’électricité. Le terme réapparaît à partir de 1960 « régie des communs ». L’idée répandue est que la gestion commune conduit à un gaspillage des ressources.

Une référence : Garett Hardin « The Tragedy of the Commons » (1968) est partisan de la création de droits de propriété pour que les ressources naturelles puissent se renouveler. « Les biens communs ne sont justifiables que dans le cas de faible densité de population. Comme la densité a augmenté, l’idée de libre accès doit être abandonnée car elle a pour conséquence le gaspillage et ne peut conduire qu’à la tragédie de leur disparition ». Dans les années 1980/1990 la nature est considérée comme un capital qui travaille tout seul, comme capable de reproduire indéfiniment des services gratuits. Ce capital naturel à conduit à l’accaparement des (biens) communs.
Mélina Rostrom a obtenu le prix Nobel en montrant, contrairement à ce que soutient Hardin, que la gestion commune des ressources rares était plus efficace que la gestion privative ou étatique.
Remarque : 1/3 de la population mondiale vit des communs ! C’est l’Afrique qui est le plus menacée par cet accaparement des communs.
§  2 conceptions historiques de la propriété :
-          la propriété « Usage », elle donne le droit d’user mais pas d’abuser. Les communs peuvent être gérés démocratiquement. Ils ne peuvent être fractionnés. C’est une conception holistique (communs vus comme un ensemble).
- La généralisation du système des brevets comme modalité quasiment exclusive de protection conduit d’abord à étendre les droits de propriété. En Europe, l’extension des brevets en matière de protection végétale illustre cela…Les brevets qui portent sur les gènes eux-mêmes, illustre l’extension illimitée des droits de propriété. Cette extension est encore renforcée par l’effacement de la frontière entre invention et découverte. Les brevets ne sont plus seulement posés à l’aval de la connaissance, mais de plus en plus à l’amont.
Pour la 2ème conception, désolée mais j’ai eu une petite somnolence…je rêvai qu’ un sanglier traversait l’autoroute et venait s’empaler sur le Kangoo. Entre un sanglier et un Kangoo y’a pas photo. Le sanglier finit au congélateur (non ça c’est pas possible y’a déjà les cannellonis qui attendent sagement noël, mais après tout c’est un rêve, tout est possible…) et les poils de sanglier deviennent des pinceaux (on dirait du Prévert).
Face à la crise internationale nous sommes obligés de trouver des solutions tous ensemble au travers d’un dialogue des civilisations.
G.Azam évoque Karl Polanyi, économiste hongrois dont le livre La grande transformation. Aux origines politiques et économiques de notre temps, Gallimard, Paris maintient deux thèses principales :
  • L'économie de marché libre est une construction socio-historique et non un trait de la nature humaine. Ce n'est que depuis les années 1830 que le marché économique est conçu comme une entité à part entière, obéissant à des lois fixes indépendantes des cultures humaines.
  • Les interventions étatiques sont des politiques spontanées en réaction aux dérégulations du marché. Cette thèse prend à contre-pied l'idée exposée par Hayek d'un marché économique spontané entravé par les interventions de l'État.
François Lille (économiste CNAM, chercheur indépendant, cofondateur de l’association BPEM (Biens publics à l’échelle mondiale, 2000/2006), et Membre du Conseil scientifique d’Attac) poursuit : « la terre, le travail, l’argent, le savoir, ne sont pas  une marchandise ». Le militant a  une voix basse et traînante ; le discours est difficile à appréhender à 22 heures passées…
J’ai bien aimé l’idée que la mondialisation a pris le relais du colonialisme : il est vrai que la bête à profits se régénère et trouve toujours les moyens de s’adapter et que nous devons prendre conscience que nous sommes des prédateurs universels. Bon là faut pas exagérer, y’a des gentils aussi, d’ailleurs on en est la preuve dans cette salle.
22 h  30, un jeune demande : « que dois-t-on faire alors ? ».
Geneviève Azam trouve les mots justes pour qu’on ne parte pas trop accablés de la réunion : « La situation est moins désespérée que dans les années 1980 car les problèmes sont sur la table aujourd’hui. C’est incroyable que la question du nucléaire puisse être remise en question en France ! Et on a fait reculer la question des gaz de schiste grâce à une mobilisation formidable».
Là Geneviève marque un point. Ca m’a regonflée le moral. C’est super de finir sur une note optimiste. C’est décidé, l’été prochain, pour la 4ème fois,  on repart dans les Cévennes !

vendredi 11 novembre 2011

Convivium : un excellent resto.

C'est à Toulouse, dans le quartier des Carmes, entre le Parlement et la place Esquirol, au 37 rue Pharaon que j'ai découvert et apprécié ce restaurant dit Italien "Convivium". C'est recherché et on est loin de ce qu'on pourrait attendre de la cuisine communément associée aux traditionnelles pâtes et pizzas.
A midi, outre la carte, deux formules abordables avec un menu à 23 € environ ou bien un plat et dessert à 19 € (de mémoire). On atteint vite, avec le vin et café les 35 € ; c'est d'un très bon niveau, avec une présentation très soignée et des surprises sur les papilles.
Dans une salle en longueur, une photo traîtée en fresque suggère sur un mur une façade italienne. Sur le mur opposé la brique rose toulousaine fait écho à l'orangé napolitain. La déco est sobre et confortable, la fréquentation bourgeoise.
Dans les assiettes on sent un vrai travail avec des produits dont certains viennent directement de "là-bas". Les plats sont annoncés et détaillés (un peu trop vite pour être compris). On se croirait dans un grand restaurant, on se prend pour ce que l'on est pas. On nous fait patienter avec des mises en bouche, ce qui est bien agréable et la découverte culinaire nous transporte très loin de notre quotidien.

Je ne suis pas coutumière de ces endroits et j'ai peu de références en la matière mais là je suis sûre de mon coup !


mercredi 9 novembre 2011

VOYAGE EN CRETE : L'histoire de Spinalongua par Victor Zorbas

Au nord est de la Crète se trouve l’île de Spinalonga. En recherchant les visites à faire pendant notre séjour, je suis tombée sur le site internet d’Alpha & Omega qui m’a fait découvrir un personnage au nom évocateur : Victor Zorbas. Le visage de Zorba le grec joué par Antony Quinn s’impose dans mes souvenirs cinématographiques qui remontent à l’enfance. J’entends la musique, je revoie les pas de danse sur cette plage de cailloux. C’est décidé je veux rencontrer ce Victor Zorbas qui propose de nous servir de guide après un rendez-vous dans un café où il se tient tous les jours à Plaka.
Il est là, comme prévu, grand, soixante dix ans passés, la démarche légèrement chaloupée de quelqu’un qui a subi une intervention de la hanche. Il connaît son affaire et nous propose dans un français impeccable de nous faire découvrir la Véritable histoire de Spinalonga. Il est passionné par son sujet auquel il a consacré des années. Il annonce le tarif de sa prestation : nous sommes trois. Il nous en coûtera 60 euros pour une balade guidée dans les hauteurs à la découverte de…chut ! Il ne veut pas nous en dire davantage, ménage ses surprises. Cette île où furent cantonnés des lépreux recèle une autre vérité.
J’ai proposé que nous prenions notre véhicule. Je préfère conduire afin qu’il soit tout à son histoire. Deux femmes, un homme, le mien et c’est moi qui conduit. Il m’interroge : vous savez conduire en montagne ? Je confirme. Et nous voilà partis à la recherche du village où un film  a servi les intérêts d’une histoire revisitée. Ca vire, ça tourne dans ses montagnes couvertes d’oliviers. C’est là que vivaient simplement les lépreux, en autonomie, cultivant les oliviers.
Spinalonga, rocher aride fut au début le refuge des chrétiens de Crète alors que celle-ci était occupée par les romains. Lorsque la Crète est occupée plus tard par les Vénitiens, les attaques des turcs vont amener le gouverneur à bâtir sur ce rocher une forteresse. Vénitiens et Grecs ont repoussé héroïquement l’envahisseur turc. L’île de Spinalonga est restée turque pendant 200  ans. En 1898, la Crète est libérée. Les habitants turcs doivent alors quitter la Crète.Après  Le gouvernement Crétois ne peut user de la force pour se défaire des turcs, car l’armée française protège les turcs suite à l’ accord de paix signé en 1898.
Le gouvernement crétois trouve alors le moyen de se débarrasser des turcs par la peur, la peur de la lèpre. C’est là que les lépreux sont déportés sur cette île qu’on appellera plus tard l’île des maudits.
Le film réalisé il y a une dizaine d’années a utilisé une population maquillée en « lépreux », et à créé de toutes pièces un décor idyllique avec échoppes d’artisans, magasins d’alimentation, bref un petit paradis qui se voulait être la vie des lépreux à Spinalonga. Nous sommes dans la montagne à quelques kilomètres de Plaka et de Spinalonga. V. Zorbas nous présente les mamies vêtues de noir qui ont fait office de figurantes, le carton pâte qui subsiste dans les ruelles (sur de fausses voutes, ou de faux escaliers) pour une histoire qui devait servir à épargner l’image du gouvernement Crétois et l’horreur qu’il a provoquée avec une colonie de lépreux sur « l’île des maudits » et qu’il a toujours nié.
Il fait un temps magnifique, il fait chaud mais ça jette un froid ! Le récit de V. Zorbas est captivant. Il nous conduit vers un olivier multicentenaire dont le tronc tourmenté, les creux et bosses sont symboliques du visage de la lèpre. Tous les ans une commémoration réunit autour de l’olivier, les descendants des lépreux.
Nous ramenons V. Zorbas à Plaka où un bateau nous conduit sur l’île. V. Zorbas nous en a montré la ressemblance frappante avec la forteresse d'Alcatraz à qui elle aurait servi de modèle. Nous quittons ce témoin passionné. Il a trouvé un moyen qui n’est certes pas désintéressé mais qui marque mon souvenir avec des images, une histoire qui peut rejoindre d’autres histoires de populations injustement déplacées.

lundi 7 novembre 2011

Décorer une table pour Noël en famille

Certains diront que je m'y prends bien tôt. Je sais, c'est mon côté "prévoyant". Cela prend aussi un certain temps de penser à la déco et comme j'aime que la maison soit accueillante je m'y consacre deux mois avant. La déco prend du temps surtout si on la réalise soi-même.

Au hasard de cueillettes à proximité de chez moi je découvre des éléments naturels que j'assemble avec l'objectif d'une harmonie en blanc et or, à peu de frais.

J'ai réalisé une déco pour un bougeoir et des marques-places et me suis inspirée d'un blog splendide sur la déco des tables lestablesdecorativesdestef.over-blog.com.

J'observe et je glane de nombreuses idées dans les magasins et j'essaie d'en tirer le meilleur parti.



Le pied conique du bougeoir est recouvert de carton léger sur lequel sont appliquées des pommes de pin en forme de roses (ben oui ça existe). Je les ai faites tenir tant bien que mal avec de la pâte à fix et ficelées de lin. Les interstices sont comblés par des plumes blanches.
Les marques-place : petits fagots constitués de branches fines liées d'un fil de lin. Pour l'effet neige, un petit coup de bombe. Découpage d'un tissu de coton (éfiloché sur les bords) et accroché au fagot. Le prénom des convives est écrit au stylo doré.

Pour faire de beaux rêves...

Après l'arbre pour Elle il fallait bien faire un univers pour Lui : "des planètes Yaya !". J'aurais bien peint des poissons mais impossible de résister à mon  petit bonhomme de 4 ans et demi.
Je trimballe mon attirail de peinture acrylique, de gouache et pinceaux et sur un mur déjà peint de bleu j'ajoute des planètes, un cosmonaute et quelques étoiles...Je me demande toujours comment ils ont pu se poser sur la lune et j'ai toujours une impression d'angoisse à l'écoute des astrophysiciens. J'avais déjà ce sentiment de vide sidéral quant le prof de philo en terminale nous parlait de Pascal de l'infiniment grand et de l'infiniment petit. La peinture parfois ça donne le vertige !