Tout en repassant, j'écoute "Là-bas si j'y suis" sur France Inter. Je découvre un mot déjà entendu mais sans en connaître la signification : "phalanstère"*.
D. Mermet raconte la réalisation d'un homme, fils de serrurier, qui a mis en oeuvre en 1846 l'utopie de Charles Fourier au sens d'idées socialistes préconisant la construction d'un "palais social" avec une vie communautaire* où l'instruction et les loisirs sont accessibles aux ouvriers.
Ce palais existe toujours, à Fervaques près de St Quentin dans l'Aisne.
Godin l'a baptisé "Familistère". Son entreprise, d'abord modeste avec 32 ouvriers fabrique des réchauds, des gazinières, des poëles de chauffage. En 1876, l'entreprise Godin a 1800 ouvriers. Ce type est incroyable ! Il fait construire un palais sur le modèle de Versailles pour des familles qui occupent des appartements regroupés en blocs et non des pavillons individuels comme ceux des mineurs des Corons dans le nord. Il défend l'idée que c'est cette vie collective, de proximité qui favorise les échanges, et la solidarité.
Dans ce palais, on trouve un théâtre, bibliothèque, école, piscine, pharmacie...Ca fait rêver. Il paraît que beaucoup l'ont critiqué (notamment Zola).
Godin disait qu'il ne pouvait y avoir de développement économique sans développement social et vice versa. Le mot utopie peut donc bien être synonyme de réalité puisque ce rêve à duré jusqu'à la mort de Godin en 1888. L'entreprise a poursuivi son activité avec les mêmes infrastructures jusqu'en 1968.
Godin avait créé bien avant la Sécurité Sociale de 1945, un système de caisse mutualiste qui permettait d'aider les ouvriers malades, invalides, les familles touchées par un décès. Les salariés de l'entreprise Godin n'ont pas hérité de la richesse de la culture (Voir l'article sur "L'argent sans foi ni loi" ) ; il veut la leur rendre accessible.
C'est donc une forme d'autogestion qui se met en place au milieu du 19ème siècle.
En 2013, l'entreprise Godin est toujours là mais le patron n'a conservé que le nom. Les salariés parlent d'un bon en arrière de plusieurs siècles : ce patron des années 2000 dont la fortune personnelle est la 302ème sur les 500 plus grosses fortunes de France, refuse de mettre la main à la poche pour la traditionnelle fête annuelle de l'entreprise. Lors d'une grève en novembre 2012 les salariés ont résisté ; beaucoup d'entre eux ont dû demander du secours à la soupe populaire. Le jour de Noël a été un jour de lutte dans cet ancien palais social.
Jean-Baptiste André Godin, tu dois te retourner plus d'une fois dans ta tombe !
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