Kélerdut - Domaine des Rochers.

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lundi 7 juillet 2014

La visite guidée



La visite guidée
Nous y voilà : pile au rendez-vous de la visite guidée du village de Torreilles.  La cloche de l’église vient de sonner 10 heures et nous rassemble sur la place Louis Blasi, au centre du village. Ils se présentent comme nos guides, d’abord le prénommé Louis, petit et rond comme un tonneau. Il a une expression de grande jovialité dans le sourire au milieu d’un visage joufflu noir de soleil. La  tête est dégarnie, cernée à l’arrière par un collier de cheveux coupés courts. Ses bras courts et puissants, ses mains fortes sont celles d’un travailleur manuel. Le partenaire est plus élancé. Comble de hasard, il se prénomme aussi Louis. Son visage  recouvert d’une barbe blanche de quelques jours manifeste plus de réserve que celui de son compagnon. Il y a une élégance dans sa chemise à rayures aux manches longues retroussées sur les coudes qui dénote une profession plus conventionnelle. Ils ont tous deux atteint la soixantaine. On comprend vite leur attachement au village : Louis le premier, a été à la tête pendant 20 ans des pompiers de la contrée. Il est aussi maraîcher. Louis le second, vient de renoncer à un cinquième mandat de maire de Torreilles. Tous deux guident en bénévoles, les touristes auxquels ils relatent les origines médiévales du village, les figures marquantes de son histoire comme celle de Claude Blazy, leur instituteur commun qui a élevé plusieurs générations au culte du beau et de l’esthétisme et qui a obtenu le titre de « Monsieur Cinéma » en 1969 après 10 semaines de victoire à la célèbre émission de Pierre Tchernia. Louis (le maire) évoque avec des étoiles dans les yeux cet instituteur qui abordait toutes les leçons d’histoire dans le costume de circonstances : tantôt en Vercingétorix, tantôt en César…sans parler de l’initiation à la littérature, au cinéma.
Le groupe flâne dans les ruelles épargnées par le soleil, porté par les voix de Louis et Louis, chacun se prêtant la parole à tour de rôle pour évoquer l’architecture de maisons de briques, galets et marbre ; les façades « subventionnées », c’est-à-dire rénovées avec les subventions municipales afin de respecter l’harmonie des couleurs préconisées par la ville ; les maisons bourgeoises aménagées pour certaines en luxueuses chambres d’hôtes. La grande bâtisse de l’école des filles a dû être démolie suite aux effondrements divers. Le sol était marécageux. Ce grand espace est devenu la place des Souvenirs d’enfance, sur laquelle l’ancien préau a été conservé ainsi que la grille d’entrée de l’école.
Les crues de l’Agly ont donné plus d’une fois l’occasion à Louis (le pompier) de passer des nuits blanches à secourir ses concitoyens. Les inondations ont fortement marqué le pays. Elles ont développé les solidarités entre les habitants qui oubliaient pendant cette trêve forcée les vieilles rancoeurs  qui ne manquaient pas d’être ravivées ensuite.
Nous nous transportons à la chapelle de Juhègues à l’orée du village. Cette chapelle romane dont les origines chrétiennes datent du XIe siècle, aurait été au IXe siècle le lieu d'accueil d'une colonie juive d'où le nom Juhègues, du catalan juheu : juif en français. L’ermitage, les bâtiments annexes et le parc alentours ont été magnifiquement restaurés par la commune. De nombreux évènements culturels et artistiques s’y déroulent au printemps, en été et en automne.
Les deux Louis nous invitent à déguster un verre de cet excellent muscat, couleur d’or ainsi que biscuits croquants et rousquilles. On ne pouvait pas mieux finir cette visite que je conseille à tous les amoureux du pays catalan.

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