Kélerdut - Domaine des Rochers.

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mercredi 11 février 2015

Fin de l'histoire.

Me voilà arrivée au bout du chemin. J’ai retrouvé dans les boîtes d’archives, les fiches de paye de mes employeurs. Au travers de ces documents conservés depuis 1974 je redécouvre mes premières expériences du travail salarié : les colonies de vacances dans le Cantal…
Je m’occupais d’enfants de 5 ans. Le souvenir le plus marquant est celui d’avoir dormi dans des draps trempés d’urine que je n’avais pas eu le courage de changer tant j’étais épuisée. Je souris encore à la pensée du petit Olivier qui, sous un calvaire où nous nous étions posés pour goûter me demande « pourquoi il a une jupe le monsieur ? ».

…La colo dans le Tarn où j’ai rencontré celui qui deviendrait mon mari.

Les bulletins froissés, jaunis, écris à la main égrainent des périodes me semblent appartenir à quelqu’un d’autre. Après 31 années passées dans mon dernier emploi je choisis de clore le chapitre. Pourtant j’aime mon travail où les relations humaines ont une grande place ; mais autour de moi d’autres ont fait déjà le pas vers ce qu’on appelle la retraite. Ce mot a décidemment une connotation négative qui évoque le repli du vaincu, la débâcle. C’est tout le contraire que je lis dans les visages épanouis de ceux qui me disent : « tu verras, c’est cool ! ». J’attends de voir.
D’abord organiser un pot avec mes collègues. J’ai fait une carte d’invitation à l’intention de tous les salariés qui a été diffusée en intranet. J’avais compté sur une cinquantaine de personnes pour un buffet réalisé en partie par un traiteur et par moi. Le punch était frais, les tartes appétissantes. Mes collègues sont arrivées à la sortie de leur travail, pour une bise rapide ou pour rester plus longtemps, bavarder des dernières nouvelles et bien sûr toutes de m’interroger : « que vas-tu faire maintenant ? ». Si je ne réponds pas aussitôt la plupart enchaînent : « on te connaît…tu es tellement active, on ne se fait pas de souci pour toi ! ».

Pourtant je sais que cette transition n’est pas facile ; je l’ai constaté chez mon mari  qui au lendemain de sa retraite s’est jeté dans des travaux de bricolage aussi baroques qu’inutiles. J’ai dû le supplier d’arrêter ses activités disparates.  Les choses se sont normalisées avec les beaux jours et surtout avec son investissement dans une association.
Après un petit discours sur le ton de l’humour, mes collègues disent à leur tour des mots d’amitié qui me touchent mais je ne me sens pas émue au point de faire couler les larmes. Je suis sereine comme s’il ne s’agissait pas de moi. 

Je découvre un carnet où chacun a écrit un mot à mon intention. Il a dû faire le tour des services car je peux y lire les signatures de collègues très dispersées dans l’hôpital. Je leur en suis reconnaissante. Tous se sont cotisés pour m’offrir fleurs, livres, tubes de peinture, soins de beauté, sacoches de vélo, repas au restaurant et bon d’achats pour des sous-vêtements affriolants.
Une trentaine de camarades est finalement resté pour boire un verre de Prosecco. Un peu plus tard on remballe tartes, restes de fromages et punch que nous boirons 15 jours durant en tête-à-tête avec Francis à la santé de la retraitée que je suis. J’ai compris un peu tard pourquoi je me réveillai avec la tête un peu lourde.

Ces moments sont essentiels pour pouvoir dire au-revoir, même si on sait que peu à peu les liens se distendent et que se revoir sera de moins en moins d’actualité ; quoi que… Quand on a travaillé dans un hôpital on est parfois amené à y retourner pour des raisons plus ou moins graves. Je sais que revenir dans cet hôpital-là sera toujours un moment de retrouvailles heureuses.

Et maintenant, en route pour de nouvelles aventures !


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